Communiqué : Des organismes craignent pour leur survie : témoignages troublants à la commission populaire pour l’action communautaire autonome de Montréal

Communiqué de presse de la Coalition montréalaise pour la survie des services publics :

Montréal, le 2 novembre 2015 – Près de 300 personnes provenant de divers groupes de Montréal ont participé à la Commission populaire pour l’action communautaire autonome. Les 13 témoignages ont mis en lumière le travail accompli auprès de la population, mais aussi les difficultés rencontrées à cause du sous-financement chronique en provenance du gouvernement du Québec.

Le mouvement communautaire prend diverses formes : groupes de soutien, ateliers d’information, soupes populaires, hébergements d’urgence, aidants naturels, etc. La population n’a pas les moyens de se passer du travail accompli par ces milliers de groupes au Québec. Comme le note le Mouvement PHAS, « le Réseau de la santé et des services sociaux interpelle de plus en plus ces derniers en les considérant comme une première ligne, pour avoir de l’information, solliciter des services, soutenir des familles, etc. »

Pourtant, les organismes font face à différentes difficultés, dont la principale est le sous-financement. Par exemple, l’absence d’indexation des subventions données par le Secrétariat à l’action communautaire autonome et aux initiatives sociales (SACAIS) fragilise d’année en année de nombreux groupes : leur financement stagne et les dépenses ne cessent d’augmenter. Des organismes sont également menacés de perdre leurs locaux suite à des décisions politiques visant à se débarrasser de certains édifices ou de les réaffecter à d’autres usages. C’est le cas des centres d’éducation populaire de Montréal de même que du Centre communautaire Radisson.

De même, les conditions de travail ont également été un sujet de discussion lors de la Commission. Comme l’explique la Clé des champs, un organisme communautaire offrant des services d’entraide pour les personnes qui souffrent de troubles anxieux : « Les stagiaires et les bénévoles formés ne travailleront jamais chez nous à cause des conditions pitoyables. Cela fait de nous de très bons formateurs, mais sans une relève envisageable. Et pourtant qu’est-ce qu’on peut être apprécié comme milieu de stage! » Les épuisements professionnels et le roulement de personnel sont le lot de plusieurs des organismes qui sont venus témoigner.

Les témoignages ont été recueillis par trois commissaires : Léa Cousineau, ex-conseillère municipale et première femme au comité exécutif de la Ville de Montréal; Michel Parazelli, professeur en travail social à l’Université du Québec à Montréal et Laurence Lagouarde, de la Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec.

Selon les commissaires, les grands constats de l’événement sont le désengagement de l’État et la transformation qu’il impose vers une privatisation. Cette réorientation entraîne beaucoup d’inquiétude du côté des organismes communautaires. Selon Léa Cousineau : « Ce qui ressort de la commission, c’est une grande précarité. Plusieurs organismes craignent pour leur survie. J’ai l’impression qu’on a reculé de vingt ans quant au besoin de réaffirmer la reconnaissance et l’importance des réseaux communautaires. » Pour Michel Parazelli, « On assiste à une transformation de l’engagement de l’État, qui tente de changer l’action des organismes communautaires en affaires commerciales et leurs participants en simples clients. On ressent un mépris envers les orientations du mouvement communautaire qui sont issues des citoyens. » Les commissaires s’entendent : « On ne peut pas considérer tous les problèmes sociaux sur le même pied d’égalité, en demandant une solution unique. » de rappeler Laurence Lagouarde. « Quand on a à se battre pour garder ses locaux, quand les institutions se renvoient la balle sur l’avenir de ta mission, on a moins de temps pour donner des services ou pour mobiliser. On passe beaucoup trop de temps à se défendre, à se battre malgré les politiques publiques qui ont été mises en place.» déplore-t-elle.

Mise sur pied par le Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA), la Commission populaire pour l’ACA est une des activités déployées dans le cadre de la campagne Action communautaire autonome – Actions gouvernementales exigées! Cette campagne somme le gouvernement de respecter la Politique de reconnaissance de l’action communautaire et d’octroyer un financement adéquat et indexé annuellement.

– 30 –

La Commission populaire pour l’ACA est organisée à Montréal par la Coalition montréalaise pour la survie des services publics. Celle-ci est composée du Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal (RIOCM), du Regroupement des organismes communautaires famille de Montréal (ROCFM), de la Table régionale des centres de femmes de Montréal métropolitain-Laval et de la Table régionale des organismes volontaires d’éducation populaire de Montréal (TROVEP Montréal).